Au début était la lumière. Et le papier photosensible.
Le procédé du photogramme est sans doute la manière la plus directe de créer une image photo-graphique durable. Le photogramme est comme une empreinte des choses ; il nous montre celles-ci par leur face cachée et est le témoin de leur passage, furtif ou prolongé, entre la lumière et le papier.
Le photogramme est une image négative. Après le bain chimique révélateur, nous constatons que la trace de la lumière sur le papier photographique noir et blanc, ce n’est pas le blanc mais le noir et toutes les nuances de gris. Là où la lumière s’est posée au cours de l’exposition, le papier a noirci ; mais il est resté immaculé là où elle n’a pas pu l’effleurer.
Dans le photogramme, les choses perdent leur ‘matérialité’ et deviennent abstraites – même si de cette abstraction peut naître une nouvelle figuration.
Seul le photogramme de la facture la plus simple peut être reproduit à l’identique. Dès qu’il atteint une certaine complexité dans sa composition, par exemple sous l’effet d’expositions multiples avec déplacement des matières ou objets photographiés, le photogramme devient une image unique.
Le photogramme, c’est la créativité de l’instant : dans cet acte photographique ‘manuel’, le photographe intervient physiquement entre la lumière, les objets/matières et le papier ; la réalisation comporte souvent une part d’aléatoire et invite toujours à l’improvisation.